Saalut à tous
Un moment que le Samarkand n'a donné de ses nouvelles, certains commencent à se poser des questions, (du genre: "t'es parti en vacances", "tu bouges encore", ou plus perfidement, "t'as arrêté ton chantier ou quoi ?").
Eh bien non, c'est mal nous connaitre, car l'équipe du Samarkand encore et toujours résiste et fait avancer la construction, certes à un rythme de député (c'est de circonstance), mais vaillamment.
La preuve, ce soir je vais vous causer de la fonte du plomb des quilles.
Vous vous souvenez sûrement (sinon, reportez vous aux débuts de la construction sur le présent blog), qu'on avait, avec mon pote JF, construit un moule en béton pour couler ce plomb, lequel depuis deux ans était stocké sur palettes dans un coin du chantier.
On les avait presque oubliés, ce plomb et ce moule, mais il fallait bien à un moment ou un autre se lancer et fondre ce plomb.
La décisIon ayant été prise de le faire ce printemps, la première chose a été d'aller faire un tour du côté de Quimper chez nos amis Franck et Catherine qui achèvent en ce moment la construction de leur voilier de 13 mètres. Le chaudron pour la fonte du plomb était en effet stocké chez eux, ils l'ont eux mêmes récupéré auprès d'un autre constructeur amateur, qui peut-être lui aussi..... Bref, un chaudron itinérant, pur produit du sens pratique des ingénieurs de pontons que sont les constructeurs amateurs.
Ci dessus, Franck est en train de retailler l'engin qui ne rentrait pas notre voiture. En arrière plan, on distingue son voilier, presque achevé. Vous pouvez suivre les étapes de sa construction sur son blog (voir lien dans la colonne de droite).
Ensuite, grâce aux talents de soudeur de Petit Louis, nous avons largement amélioré le système, de manière à le rendre plus efficace et plus sûr.
Le système utilisé consiste donc en un chaudron mécano soudé en tôle épaisse, monté sur piètement acier. Sous le chaudron, un réservoir demi sphérique reçoit le bois qui va être brûlé. Ca parait un peu rouillé, mais je peux vous certifier que c'est en parfait état de marche....
Sous la cuve, un tuyau métallique permet d'acheminer le plomb liquide, et un système de manoeuvre avec un levier permet d'abaisser l'extrémité du tuyau vers le moule au moment de couler le plomb en fusion. Simple, isn't it?
Le but de l'opération était donc de couler 4 demi torpilles, lesquelles après assemblage feront 2 torpilles en plomb installées au bout des voiles acier.
On a fait ça en 4 fois, exactement comme les élections de cette année....
Pour la première, on a malheureusement pas de photos disponibles pour cause de piles à plat, on ne pense jamais à tout que voulez-vous, par contre pour les 3 autres, on s'est rattrapés. Désolés pour Michel et Jean Luc.....
Tout d'abord, avant même de lancer l'opération de coulée du plomb, il faut préparer le moule. Ceci signifie avant tout qu'il faut installer en son centre une "réservation" en bois, destinée à créer une encoche dans le plomb, de manière à ménager un emplacement pour le futur voile d'acier dont l'extrémité sera placée entre les 2 demi torpilles au moment du collage... L'oméga en acier est destiné à permettre de soulever le plomb quand il sera durci et démoulable.
Ceci fait, il faut donc commencer par allumer le feu, et en ce domaine, le maitre est Petit Louis. Le feu doit être alimenté en permanence et on doit chercher à faire des flammes et non de la braise, car la chaleur doit monter le plus haut possible, le plomb fondant vers 390 °.
Sur cette photo, on voit qu'on a un véritable petit soufflet de forge bricolé par Petit Louis (l'homme en blanc). En fait il s'agit d'un moteur d'aspirateur inversé, avec au bout un morceau de goutière, orienté vers les flammes, de manière à bien les attiser. Inutile de préciser que dans ces conditions ça chauffe dur!
Ensuite, dès que c'est chaud, on peut commencer à jeter le plomb dans le chaudron. Pour la facilité de l'opération, et sachant que le moule est prévu pour accueillir 370 kg de plomb, on avait pesé à l'avance les quantités correspondantes, et découpé le plomb brut en petits morceaux de manière à pouvoir le jeter dans le chaudron sans s'approcher trop près.
Et c''est parti pour 400 kg à fondre.....
En fait ça se fait rapidement, il ne faut guère plus d'une heure et demie pour fondre une telle quantité. Si l'on veut accélerer le mouvement, on peut utiliser des chalumeaux pour flamber directement dans le chaudron, mais ça n'apporte pas grand chose, on a chaud, on s'expose à respirer des vapeurs nocives, à ne faire donc que si c'est nécessaire. Il vaut mieux alimenter en continu le feu par en dessous et éventuellement recouvrir le chaudron au moyen d'une tôle.
Une fois que le plomb est arrivé à fusion, il faut l'écrémer car toutes les impuretés remontent à la surface et il faut évidemment couler dans le moule le plomb le plus pur possible. A cet effet, utiliser une casserole percée ou une écumoire de collectivité.
Cette opération est un peu pénible car on a vraiment chaud, et on risque de respirer des vapeurs. C'est pourquoi il convient de veiller à installer le chantier de manière à ce que les vapeurs soient emportées par le vent dans le sens opposé, auquel cas il n'y a pas de danger.
Une fois le plomb jugé propre à la coulée, On réchauffe le moule au chalumeau (pour éviter le choc thermique) ainsi que le dispositif de coulage, pour être sûr que le plomb passe bien dans les tuyaux....
...ce à quoi s'emploient ci-dessus JF et David, chacun avec un chalumeau et sous l'oeil averti du Maitre du feu et du boss.
On peut ensuite passer à la coulée du plomb proprement dite.....
Il suffit à cet effet de baisser un peu le tuyau....Le plomb étant plus de 11 fois plus dense que l'eau, on voit bien qu'il n'y a même pas besoin de le baisser à fond, la gravité suffisant à propulser le liquide en fusion dans le moule....En moins d'une minute c'est fait.
Ensuite, une fois le moule bien rempli, il suffit d'attendre une petite demi heure et d'ébarber au ciseau à bois ce qui dépasse tant que c'est tiède, ce sera toujours autant de moins à meuler plus tard.
Ci dessus, Franck et Catherine, des amis qui bossent!
Là, c'était la 4ème demi torpille, coulée avec l'aide de Michel, sans doute la mieux faite, expérience oblige..... Vous noterez quand même les protections: gants anti-chaleur, et lunettes contre les projections (inutiles à ce moment précis).....
Quelques heures après, on peut procéder à la destruction de la réservation en bois, que la chaleur du plomb aura noirci, cettes, mais pas pas brûlé...
Puis, 48 heures plus tard, on peut procéder au démoulage avec l'aide d'engins de levage (une chèvre de mécanicien et un cric), et ô magie, on voit enfin apparaitre le résultat brut de l'opération: une demi torpille brute de décoffrage!.....
Après 4 opérations similaires, voici enfin le résultat: 1,5 tonne de plomb transformée en 4 demi torpilles (mojns environ 100 kg de déchet): je ne résiste pas à l'envie de vous montrer une petite vue de mon parc de demi torpilles.
A présent , il va falloir les assembler 2 par 2, mais ça, c'est une autre histoire, donc ce sera pour un autre article. Merci aux 2 Michels, à David, JF, Jean Luc, Petit Louis, Françoise, Amine, Franck et Catherine pour leur aide dans ces opérations...
Allez portez vous bien, n'oubliez pas de voter Dimanche, et à bientôt pour de nouvelles aventures....
A+